Lorsqu’il est question de douance, certaines personnes ont tendance à croire que c’est une nouvelle mode, que certains parents se vantent que leurs enfants (ou eux-mêmes!) sont plus intelligents que les autres. On entend ausssi souvent que les comportements perturbateurs ou l’argumentation et les crises sont un manque d’encadrement de la part des parents, qui « devraient être plus sévères », que leur enfant n’est pas doué ou intelligent, qu’il est juste « mal élevé ». D’autres vont plutôt croire que les personnes douées n’ont pas de besoins, qu’ils sont des génies à qui tout réussit. Pourtant, il n’en est rien et beaucoup de préjugés demeurent.
Définition
Il est normal d’être mélangé lorsqu’il est question de douance, puisqu’il n’y a pas de consensus scientifique sur la définition elle-même. Dans un courant de pensée, pour avoir une conclusion de douance, il doit y avoir présence d’un quotient intellectuel (QI) homogène de 130 ou plus (environ 2% de la population), alors que pour un autre courant de pensée, il s’agit d’un QI de plus de 120, accompagné de certaines caractéristiques au niveau du fonctionnement quotidien, ce qui représente environ 5 à 10% de la population.
On entend aussi les termes haut potentiel, HPI, surdouance, zèbre, multi potentiel…, pour lesquels il n’y a pas non plus de consensus. Certains spécialistes font des différences entre ces appellations, alors que d’autres, non. Il est donc tout à fait compréhensible de ne plus s’y retrouver! J’utiliserai le mot douance pour ce texte, puisque cette neurodiversité représente, selon moi, un aspect plus complet que juste une question de QI.
État de la situation au Québec
Au Québec, on recommence à s’intéresser au sujet depuis quelques années, après qu’on l’ait délaissé à la fin des années 70, à la suite de la réforme en éducation. Dans le courant de cette réforme scolaire, on parlait (légitimement) d’accompagnement d’élèves en difficulté. Ce n’était donc pas compatible avec la douance, qui est encore aujourd’hui souvent perçue (à tort) comme de l’élitisme. Pourtant, les besoins des élèves doués sont aussi éloignés de la moyenne de la population que ceux des élèves avec une déficience intellectuelle.
Comment on évalue la douance?
La douance ne fait pas partie des troubles de santé mentale, donc ce n’est pas un diagnostic. On parle de neurodiversité (un mode de fonctionnement du cerveau différent). Ce sont les psychologues et les neuropsychologues qui peuvent conclure à une douance, à la suite d’une évaluation du QI et du fonctionnement de la personne.
Présenter une douance est généralement un facteur de protection. Cependant, la douance peut être présente chez des personnes ayant un diagnostic autre (TDA-H, TSA, Dys, anxiété, trouble du langage, SGT…). C’est ce qu’on appelle la double exceptionnalité ou le « Twice exceptionnal ». Ça devient alors un facteur de risque.
L’évaluation est donc plus complexe, puisque la personne douée peut compenser les manifestations de son trouble avec ses capacités supérieures ou sa douance peut être camouflée par les effets de son trouble en comorbidité. Il devient par le fait même difficile d’identifier les 2 conditions, soit le trouble et la douance. La personne douée n’a donc pas réponse à ses besoins dans aucune de ses particularités.
Douance = réussite scolaire?
Contrairement à la croyance populaire, la douance n’est pas synonyme de réussite scolaire. On peut d’ailleurs voir des signes de douance dès la petite enfance. Un des critères pour une conclusion de douance est le fait que ces enfants ont généralement un développement précoce. Le développement précoce peut toucher toutes les sphères (cognitive, motrice, langagière, socioaffective…).
Les enfants présentant une douance peuvent paraître comme de petits adultes ou faire des crises qu’on s’explique mal, car ils semblent comprendre tellement de choses habituellement… Un mot qui revient souvent pour décrire ces enfants est : INTENSITÉ!
On peut avoir de la difficulté à comprendre certaines de leurs réactions, qu’on trouve démesurées Souvent, on se laisse prendre par le décalage entre le fonctionnement cognitif (plus développé que son âge chronologique) et la maturité affective de l’enfant (du même niveau ou avec un léger retard sur les enfants de son âge).
Comment identifier les signe?
Voici quelques caractéristiques qui devraient vous mettre la puce à l’oreille. La douance peut s’exprimer de façon différente chez chacun ou dans certains contextes uniquement.
Sphère cognitive :
- Langage développé (complexe dès un jeune âge)
- Fait des liens de cause à effet impressionnants pour son âge
- Besoin de comprendre, questionne beaucoup
- Besoin que le cerveau soit occupé
- Besoin de complexité
- Créativité développée
- Autodidacte, n’aime pas se faire enseigner comment faire les choses
- Excellente mémoire
- Capacité d’observation très grande
Sphère affective :
- Hypersensibilité émotive
- Présence d’anxiété
- Grande empathie
- Perfectionnisme
- Sentiment de justice
- Intégrité (n’aiment pas les mensonges ou le manque de cohérence et de profondeur dans les relations)
- Peurs non conventionnelles pour l’âge
Sphère sociale :
- Sensible au jugement et à la critique
- Indifférent à l’autorité
- Sens de l’humour développé
- Compétitivité
- Besoin de contrôler, décider
- Besoin d’être efficace
- Exigeant envers lui et les autres
- Esprit critique développé
- Enfant, il préfère la présence des plus vieux ou des adultes
- Conflits avec les pairs de son âge, car ils ne sont pas rendus au même stade de développpement
Sphère physique :
- Hypersensibilités sensorielles
- Besoin de stimulation
- Bonnes habiletés physiques
- Difficultés graphiques ou d’élocution
- Sommeil perturbé
Le sujet est assez complexe, mais si vous vous questionnez sur le sujet, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel qualifié. Il existe aussi plusieurs ouvrages, balados et documentaires sur le sujet.
Pour en savoir plus sur le sujet, vous pouvez visiter le site web de la clinique Brain Storm https://cliniquebrainstorm.com/