Agressivité ou violence: Quelle est la différence?

On parle de plus en plus de violence et d’agressivité… mais comment savoir où tracer la ligne entre les deux? Ton enfant crie, mord, tape du pied ou pousse son frère et tu te demandes : « Est-ce qu’il est violent? Est-ce que je dois m’inquiéter? »

La confusion est normale : on mélange souvent ces deux notions. Pourtant, les distinguer fait toute la différence. Quand on comprend bien ce qui relève de l’agressivité et ce qui relève de la violence, on peut intervenir avec plus de confiance et de justesse, que ce soit comme parent ou comme intervenant.

L’agressivité : une énergie normale à apprivoiser

L’agressivité, ce n’est pas mauvais. C’est même nécessaire à notre survie! C’est une énergie que tout le monde porte en soi, essentielle pour affirmer ses besoins, défendre ses limites et s’affirmer.

  • Chez le bébé, elle se traduit par mordre ou tirer les cheveux, faute de mots. Les comportements agressifs diminuent graduellement avec l’acquisition du langage.
  • Chez le tout-petit (2–4 ans), pousser ou taper pour exprimer un refus ou un désir.
  • À l’âge scolaire, on la retrouve dans la rivalité, la compétition et les comparaisons.
  • À l’adolescence, elle sert à trouver sa place, à tester les règles et à s’affirmer dans le groupe.

Donc, l’agressivité est une force brute qu’il faut apprendre à canaliser pour qu’elle devienne constructive plutôt que destructrice. Elle fait partie du développement normal des enfants, mais à chaque âge, elle s’exprime différemment. Par exemple, un tout-petit qui mord faute de mots, on s’en attend. Mais un enfant d’âge scolaire qui mord un autre enfant parce qu’il lui a pris son objet, ça sort du cadre normal de son développement.

La violence : quand l’agressivité dépasse les bornes

La violence, c’est l’agressivité qui dérape. Elle apparaît quand l’intention n’est plus seulement d’exprimer un besoin, mais bien de nuire, dominer ou blesser l’autre : frapper volontairement, intimider, menacer, rabaisser, détruire les objets d’autrui.

Au Québec, la violence scolaire est définie comme un comportement non désiré, hostile et nuisible qui porte atteinte à l’intégrité physique ou psychologique d’autrui. Les conséquences sont sérieuses : peur, stress, isolement, baisse de motivation et, dans certains cas, idéations suicidaires.

Qu’est-ce qui est de l’agressivité et ce qui est de la violence?

Les impacts concrets

Les impacts de l’agressivité peuvent être différents de ceux de la violence, mais demeurent importants.

ContexteAgressivitéViolence
À la maisonCrises, tensions, disputes entre frères et sœurs.Peur, climat tendu, sentiment d’impuissance chez les parents.
À l’écoleImpatience, réponses brusques, compétition parfois mal dosée.Intimidation, menaces, coups, sanctions et isolement social.
Dans les relations socialesPeut être perçue comme « intense », mais gérable avec un bon encadrement.Rejet, isolement, ruptures d’amitié ou de liens.

Chaque geste agressif est une communication

Tout comportement a une raison d’être. Derrière un geste, on retrouve souvent trois grandes fonctions :

  • Obtenir quelque chose (attention, objet, pouvoir).
  • Éviter une tâche ou une frustration.
  • Réguler une tension trop forte.

Par exemple, ton enfant pousse son frère. Est-ce que c’est de la violence? Pas nécessairement. Ce n’est pas toujours par méchanceté. Parfois, il cherche juste ton attention, ou encore il n’a pas trouvé d’autre façon d’exprimer sa frustration. C’est pour ça qu’il est important de replacer le geste dans son contexte : comprendre le « pourquoi » derrière le comportement, c’est la clé pour intervenir de la bonne manière.

Canaliser l’agressivité de façon saine

1. Les jeux de chamaille

Les spécialistes de la petite enfance le répètent : les jeux de chamaille encadrés (poursuite, lutte douce, chatouilles, pousser sans blesser) est un exutoire précieux. Ils permettent :

  • De décharger l’énergie agressive dans un cadre sécuritaire.
  • D’enseigner des règles implicites : « j’arrête quand l’autre dit stop ».
  • De favoriser l’autorégulation et le contrôle de la force.
  • De renforcer le lien parent-enfant grâce au jeu et au rire partagé.

Plutôt que d’interdire ces jeux, mieux vaut les encadrer. C’est une pratique sécuritaire qui apprend à doser. Vous pouvez d’ailleurs lire l’article suivant pour plus d’informations https://cliniquebrainstorm.com/jeux-risques/

2. La saine compétition

Chez l’enfant plus grand ou l’ado, l’agressivité peut se transformer en motivation positive grâce au sport, aux jeux de société ou aux défis scolaires.

La compétition permet d’apprendre à gagner avec respect et à perdre sans s’effondrer. Elle devient une occasion de se dépasser, sans écraser les autres.

Intervenir comme parent

  • Quand c’est de l’agressivité (normale) :
    • Nommer l’émotion (« Tu es fâché »).
    • Proposer une alternative (« Dis-le avec tes mots » / « Frappe dans un coussin »).
    • Offrir des occasions de décharge (jeux actifs, sport, compétition).
  • Quand ça devient de la violence :
    • Stopper immédiatement (« Ici, personne ne frappe »).
    • Sécuriser les lieux.
    • Amener une réparation (excuse, geste réparateur).
    • Chercher la cause : fatigue, injustice, besoin de réassurance.

L’agressivité est une énergie normale et essentielle au développement. La violence, c’est quand cette énergie est utilisée pour nuire.
Encadrés, les jeux de chamaille et la compétition saine deviennent des outils puissants pour apprendre à gérer cette intensité.

Quand consulter ?

Il est conseillé de chercher de l’aide si :

  • Les gestes violents sont fréquents et intentionnels.
  • Ton enfant n’arrive pas à gérer sa colère malgré l’encadrement.
  • Le climat familial ou scolaire devient insoutenable.

Vous pouvez visiter le site https://ordrepsed.qc.ca/ pour du support adapté à vos besoins. Si vous souhaitez des formations plus poussées, vous pouvez visiter le site du CENOP, qui offre des formations intéressantes sur le sujet.


Sources

  • INSPQ. Définition et caractéristiques des comportements agressifs ou violents en contexte scolaire. inspq.qc.ca
  • Centre de services scolaire de l’Énergie. Infolettre – Les jeux de chamaille (2019). cssenergie.gouv.qc.ca
  • Vifa Magazine. Jeux de batailles : devrait-on laisser les enfants se chamailler ? vifamagazine.ca

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