La mort, c’est un concept difficile à saisir. Abstrait et complexe, il demande une certaine maturité cognitive pour être compris comme un phénomène irréversible, permanent… définitif.
Chez les enfants doués, ce n’est pas toujours le cerveau qui pose problème, c’est le cœur. Leur compréhension intellectuelle dépasse souvent leur développement affectif. On appelle ça un décalage. Ils comprennent bien les concepts, oui. Mais ils ne sont pas encore équipés émotionnellement pour gérer ce qu’ils comprennent.
Et quand la mort entre dans l’équation, ça peut devenir très anxiogène.
Des questions trop grandes pour leur âge
Je me souviens très bien de cette conversation avec mon fils, alors âgé de 4 ans. Une discussion qui, sur le coup, m’a bouleversée… et émerveillée.
« Maman, tu ne vas pas mourir hein? Moi je ne veux pas que tu meures. »
« Moi non plus, minou. Mais je ne peux rien te promettre, tu sais. Ce n’est pas moi qui décide du moment. Les chances que ça arrive bientôt sont très faibles : je suis encore jeune, je suis en santé, je prends soin de moi… Mais parfois, on meurt dans des accidents ou à cause de maladies graves, des maladies qui ne se guérissent pas. Un rhume, ça se guérit!»
« Moi, je vais être un scientifique plus tard! »
« Ah oui? Quel genre de scientifique? »
« Je vais inventer un sérum qui rend éternel. Comme ça, toi, moi et mon frère, on va rester vivants pour toujours. Et je vais en donner à ta sœur pour qu’elle revienne, car tu dois être triste qu’elle soit morte »
Il faut savoir que ma sœur est décédée à l’âge de 12 ans, dans un accident. J’en parlerai dans un prochain article.
Penser l’impensable
Pour mon fils de 4 ans, imaginer que sa maman puisse ne plus être là, c’était littéralement inimaginable. Trop dur. Trop grand. Alors, il a fait ce que les enfants doués font souvent : il a mobilisé son imagination et son intelligence pour trouver une solution créative à une réalité inacceptable.
Et surtout : une solution sur laquelle il avait du pouvoir.
Plusieurs années plus tard, il veut toujours devenir scientifique. Il rêve encore de trouver un remède contre la mort. Mais maintenant, il y ajoute un objectif noble : devenir riche et célèbre… pour aider les gens dans le besoin. Parce que la vie est telllllllleeeeeeement injuste!

Quand la douance fait de la mort un projet de vie
Les enfants doués nous surprennent sans cesse. Leur manière de réfléchir, de ressentir, de chercher des réponses là où personne n’en a encore trouvé, peut parfois nous désarmer… mais elle est aussi profondément inspirante.
Et si, au fond, c’était ça, leur mission?
Réparer le monde avec leur trop-plein d’idées et leur trop-plein d’empathie.