Nous l’avons vu dans un article précédent, le concept de mort est anxiogène pour ces enfants, entre autres à cause du décalage entre le développement affectif et cognitif.
Afin de se faire à l’idée avec une situation difficile, nous avons tous besoin que ça fasse du sens. Nous avons besoin de comprendre pour accepter l’inacceptable, pour faire un deuil.
Mes enfants ont été confrontés à la mort à quelques reprises. Des gens plus ou moins éloignés, mais aussi notre chien. Ils ont eu beaucoup de peine et ont su ce que c’est un deuil. Nous avons donc abondamment parlé de la mort et de tout ce qui l’entoure. Ils avaient beaucoup de questions sur le sujet. Ils ont donc su que j’avais une sœur qui est décédée à l’âge de 12 ans dans un accident de vélo. Leur fascination pour la mort a duré plusieurs mois. Ils ont répété sans cesse les mêmes questions. Sans filtre (car ce morceau-là n’est pas encore installé à leur âge!). Chaque fois, j’ai répondu avec honnêteté, en dédramatisant. Pas d’histoires de ciel et de dodo éternel (question qu’ils ne me réveille pas chaque nuit par peur que je dorme éternellement… Même si à certains moments, l’idée du sommeil éternel fait rêver bien des parents!). Juste la réalité. Les faits.
Pendant plusieurs mois, lorsqu’on allait voir mes parents dans ma ville d’origine, on devait aller au cimetière. En effet, à leur demande nous y allions pour « voir ma sœur ». Les enfants me disaient : « On va aller voir ta sœur, tu dois avoir de la peine et t’ennuyer? » (Bon… Si mon deuil n’avait pas été fait, il le serait maintenant, car j’ai répondu à plusieurs questions sur mes émotions en lien avec ce décès tragique et sur les circonstances de l’événement. On en a fait le tour, pis pas à peu près…). Au fur et à mesure des visites de l’impressionnant et mystique cimetière, on ne s’attardait plus seulement à la pierre tombale de ma sœur. Je devais faire le tour du cimetière et leur lire ce qu’il y avait d’inscrit sur les monuments. Ils questionnaient sur les noms, les âges, la grosseur des monuments. Ensuite, ils se questionnaient sur les raisons des décès, le genre de vie qu’avaient eu ces défunts. Ils se faisaient des scénarios en lien avec les indices qu’ils avaient sur les monuments. T’sé, la pensée en arborescence là?
Graduellement, les visites au cimetière se sont espacées. Tout comme les questions et les allusions à la mort et au deuil. Comme si l’idée de la mort faisait tranquillement son chemin dans leur tête et devenait un peu moins effrayante. L’idée du sérum qui rend éternel est par contre encore très présent…