Comment prévenir et parler d’abus sexuels avec les enfants

Comment prévenir et parler d’abus sexuels avec les enfants

Le sujet des abus sexuels demeure un sujet tabou. Comme vu dans un précédent article, parler de sexualité avec nos enfants peut rendre les adultes mal à l’aise. Prévenir et parler d’abus sexuels avec les enfants peut être encore plus difficile. Quand on a des inquiétudes en lien avec des comportements sexuels problématiques ou des soupçons d’abus sexuels, le malaise peut alors être plus important. Ne pas savoir quoi dire ou comment réagir peut être insécurisant. Voici donc quelques grandes lignes pour vous guider.

Les notions de pudeur et de consentement dans les questions d’abus sexuels

Il faut tout d’abord parler des notions de pudeur et de consentement, puisque ces concepts sont liés entre eux lorsqu’il est question de prévention des abus sexuels.

Qu’est-ce que la pudeur?

La pudeur est un sentiment de réserve et de respect par rapport à son propre corps. L’enfant comprend les normes sociales. Lorsqu’il se cache les parties intimes ou souhaite avoir son intimité, il n’a pas nécessairement honte de son corps ou un malaise avec la sexualité. Il est important de respecter les limites de l’enfant. On lui apprend à respecter son corps et celui des autres et on peut ainsi prévenir les violences sexuelles.

Respecter les limites de l'enfant est un moyen de prévenir les abus sexuels.

Qu’est-ce que le consentement?

Le consentement est l’accord volontaire de se livrer à une activité sexuelle. Il peut être verbal, explicite ou présumé. Il doit être clair, libre et éclairé. Le consentement sexuel n’est légal qu’à partir de l’âge de 16 ans. Dans le cas des jeunes de 14 et 15 ans, ils peuvent consentir à une relation sexuelle avec des personnes qui sont de moins de 5 ans son aîné. Les jeunes de 12 et 13 ans peuvent consentir aussi, mais il doit y avoir moins de 2 ans d’écart entre les partenaires. Avant 12 ans, le consentement n’est jamais légal.

La notion de consentement débute à un très jeune âge. Obliger un enfant à embrasser une tante ou à faire un câlin à grand-papa alors qu’il n’en a pas envie envoie le message à l’enfant que même s’il pose des limites, il doit quand même poser certains gestes pour « faire plaisir » aux adultes. Le consentement débute avec le respect de ces limites.

La pornographie juvénile dans tout ça?

Il est important de savoir que le fait de posséder des images de personnes de moins de 18 ans nues (dans son téléphone par exemple), même si elles ont été envoyées avec le consentement de la personne, représente une infraction criminelle de possession de pornographie juvénile. Si la photo est envoyée à d’autres personnes, il pourrait aussi y avoir des accusations de distribution de pornographie juvénile. C’est une infraction, même si la personne qui possède la photo est mineure aussi.

Quand s’inquiéter?

Un abus sexuel est un geste à caractère sexuel d’un adulte envers un enfant ou d’un enfant envers un autre enfant. Il faut distinguer les jeux sexuels des abus.

Il y a lieu de se questionner quand :

  • Les comportements ou propos sexuels sont inappropriés selon l’âge développemental de l’enfant.
  • Les comportements sexuels sont potentiellement néfastes ou induisent une souffrance pour l’enfant ou pour les autres.
  • Les comportements sexuels perdurent malgré les interventions concernant les frontières et l’intimité.
La découverte du corps de l'autre fait partie du développement psychosexuel normal.

On ne parle plus de jeux sexuels ou de développement normal quand:

  • Il y a des différences: de grandeur, de statut, écart d’âge de plus de 2 ans
  • Il y a présence de menaces, pressions ou contraintes
  • Il y a escalade des activités sexuelles (fréquence, intensité, plus intrusive)
  • L’enfant ou l’adolescent présente des pensées envahissantes: Pensées ou activités toujours liées à la sexualité
  • Il y a une notion de secret (imposé par un enfant/adolescent ou sous-entendu par les enfants impliqués), du chantage ou de la manipulation
  • Émotions négatives et douleurs physiques (par exemple lors de changement de couche ou de vêtements
  • Persistance des comportements malgré les interventions

Quoi faire en cas de dévoilement d’abus sexuel?

Si un enfant vous fait un dévoilement d’abus sexuel, c’est qu’il vous fait confiance. Il éprouve probablement une souffrance encore plus grande que votre malaise. Votre attitude sera déterminante pour la suite. Les faux dévoilements d’abus sexuels sont très rares. Vous pouvez croire la victime. Les professionnels feront la suite.

Par ailleurs, si une personne fait un faux dévoilement d’abus sexuel, il y a quelque choses à aller explorer de ce côté, car une personne qui va bien ne s’amuse pas avec de tels propos.

Quand une situation de dévoilement se présente:

  • RESTEZ CALME. La victime doit être sécurisée.
  • Faire comprendre à la personne que vous la croyez, que vous prenez ses propos au sérieux et qu’elle a bien fait de vous en parler
  • Ne pas lui mettre des mots dans la bouche (« C’est mononcle untel qui te touche? »)
  • Lui dire qu’elle n’est pas responsable, que ce n’est pas sa faute
  • Ne pas promettre de garder le silence
  • Faire un signalement à la Direction de la Protection de la Jeunesse (DPJ) (C’est une obligation)

Ressources disponibles

Plusieurs livres sont aussi disponibles en bibliothèque ou en librairie sur le développement sexuel de l’enfant et de l’adolescent.

Si vous avez besoin d’accompagnement, visitez les sites de l’ordre des sexologues du Québec https://www.opsq.org/fr/, de l’ordre des psychologues du Québec https://www.ordrepsy.qc.ca/ ou de l’ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec https://ordrepsed.qc.ca/. Des ressources spécialisées sont disponibles.

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