La pointe de pizza

Les personnes présentant une douance aiment apprendre par elles-mêmes, selon leurs intérêts, sans être embêtées par un cadre conventionnel, par des exigences qui ne viennent pas d’elles. Elles peuvent alors déployer leur pensée en arborescence, leur curiosité et leur créativité. Elles peuvent par le fait même apprendre à leur rythme, à leur façon, et ainsi éviter les longueurs et les répétitions. Elles aiment être efficaces et performantes. Ce sont, la plupart du temps, des apprenants autodidactes. Apprendre par intérêt est le plus grand moteur pour les doués. Par contre, il est plutôt difficile de leur faire faire des apprentissages, alors qu’un sujet ne les intéresse pas du tout. C’est surtout perceptible pour l’école, mais c’est dans toutes les sphères de la vie. On peut donc voir des champions de la procrastination et de l’entêtement à l’œuvre! D’autres problématiques peuvent aussi surgir, car tout n’est pas intéressant dans la vie! Une grande source de frustration!

Parlez-en à mon fils… Un exemple est l’apprentissage des sports. Mon fils a tenté (je dis bien tenté!) le ski alpin. Pas facile! Il se voyait déjà faire des pistes à bosses et des pirouettes, tel un Mikaël Kingsbury. Il s’imaginait avec une médaille olympique au cou (rien de moins!), alors qu’il n’avait jamais mis des bottes de ski. Lors du premier cours, le moniteur lui demande de descendre la pente-école en mettant ses skis en position de pointe de pizza. Mon fils s’entêtait à faire à sa façon. Il voulait faire une descente directe, dans la grosse pente, comme les champions qu’il a vus aux Olympiques. À la fin du premier cours, visiblement, il n’a pas aimé sa première expérience. Lorsque je lui demande ce qu’il n’a pas aimé, il me répond que le moniteur « est ben fatiguant avec sa pointe de pizza! », que « C’est trop long» et que « ce n’est pas une bonne technique la pointe de pizza »! (Effectivement, la position était plutôt complexe à exécuter au niveau physique pour lui). Le cours suivant, je l’attends longtemps (vraiment longtemps!) au bas de la piste… pour (oh stupéfaction!) l’apercevoir descendre à pied, les skis dans les mains, avec une humeur… massacrante. Bon! Juste le fait de devoir descendre une piste de ski en bottes de ski alpin, ça doit être assez pour jouer sur l’humeur!!! Pour ajouter à ça, il s’est buté à ses incapacités, à un échec. Il a eu l’idée (de génie!) d’aller dans la grande piste, car il se disait capable, du haut de ses 5 ans! Ça ne s’est pas passé comme il l’a espéré. Il est tombé à plusieurs reprises et a décidé de tout abandonner en voyant qu’il n’était pas capable de faire comme les champions olympiques, mais surtout, comme il ne se l’était imaginé. Il attribuait ses difficultés au fait qu’il n’avait pas de bâtons et non au fait qu’il n’écoutait pas les conseils du moniteur. Pas besoin de vous dire que j’étais heureuse d’avoir loué l’équipement et non de l’avoir acheté! Mon fils veut apprendre par lui-même. Il se demande pourquoi il écouterait un adulte avec un dossard qui fait du ski depuis des années, alors qu’il sait comment faire, lui? C’est facile, puisqu’il l’a vu à la télé!

Pour les doués, l’apprentissage des sports peut alors devenir complexe, car les entraîneurs ou moniteurs doivent user de stratégie pour qu’ils écoutent leurs conseils…. une fois de temps en temps! Les défis d’accepter que l’apprentissage se fait par étapes et d’écouter les conseils pour s’améliorer sont bien présents. Par contre, certaines personnes gagneraient aussi à écouter les façons créatives d’apprentissage apportées par ces petits êtres remplis de contradictions!

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